Une localisation rare du lipome au niveau parotidien: à propos d'un cas
Siham Alaoui Rachidi, Anas Lahlou Mimi, Nizar El Bouardi, Youssef Lamrani Alaoui, Meriem Boubbou, Mustapha Maaroufi, Badr Alami
Corresponding author: Siham Alaoui Rachidi, Service de Radiologie, CHU Hassan II, Fès, Maroc
Received: 14 Dec 2017 - Accepted: 17 Apr 2018 - Published: 31 Oct 2018
Domain: Radiology
Keywords: Lipome, IRM cérébrale, parotide
©Siham Alaoui Rachidi et al. Pan African Medical Journal (ISSN: 1937-8688). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Siham Alaoui Rachidi et al. Une localisation rare du lipome au niveau parotidien: à propos d'un cas. Pan African Medical Journal. 2018;31:154. [doi: 10.11604/pamj.2018.31.154.14605]
Available online at: https://www.panafrican-med-journal.com//content/article/31/154/full
Une localisation rare du lipome au niveau parotidien: à propos d'un cas
Rare localization of lipoma in the parotid region: about a case
Siham Alaoui Rachidi1,&, Anas Lahlou Mimi1, Nizar El Bouardi1, Youssef Lamrani Alaoui1, Meriem Boubbou1, Mustapha Maaroufi1, Badr Alami1
1Service de Radiologie, CHU Hassan II, Fès, Maroc
&Auteur correspondant
Siham Alaoui Rachidi, Service de Radiologie, CHU Hassan II, Fès, Maroc
La localisation des lipomes au niveau parotidien est très rare. Nous rapportons un nouveau cas avec une revue de littérature concernant un patient de 55 ans, qui a consulté pour une masse au niveau de la région parotidienne évoluant depuis quatre ans, à la palpation on a trouvé une formation de consistance molle, mobile et indolore, le patient a bénéficié par la suite d'une imagerie (échographie et IRM), d'où le diagnostic final d'un lipome parotidien a été retenu, le traitement était conservateur sur le choix du patient.
English abstract
Lipomas localization in the parotid region is very rare. We here report a new case of a 55-year old patient, presenting with a mass in the parotid region that had progessed over the past 4 years and a literature review. A soft, mobile and painless mass was detected on palpation. The patient underwent imaging examinations (ultrasound and MRI), that enabled to retain the diagnosis of parotid lipoma. The patient decided to have conservative treatment.
Key words: Lipoma, brain MRI, parotid
Les lipomes sont des tumeurs bénignes des tissus mous, siègeant le plus souvent au niveau de la partie haute du dos, l'abdomen et aux épaules [1]. Sa localisation au niveau parotidien est rare, représentant moins de 1,5% [2]. Histologiquement, il s'agit d'une prolifération adipocytaire cloisonnée dans une capsule fibreuse. A travers ce cas et revue de littérature, nous rappelons les différents aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques de cette localisation tumorale rare.
Mr Ali. EL.F, âgé de 55 ans, sans antécédents pathologiques notables consultait pour une tuméfaction de la région parotidienne droite évoluant progressivement depuis quatre ans. A l'examen clinique, on a objectivé la présence d'une masse localisée de consistance molle, mobile et indolore mesurant approximativement 2cm de grand axe, avec un signe de Nélaton négatif. Il n'y avait pas d'asymétrie faciale, et le reste de l'examen ORL était sans particularité, notamment pas d'adénopathies cervicales. Une échographie parotidienne réalisée initialement a montré la présence d'une formation échogène hétérogène au dépend de la glande parotidienne droite, non vascularisée au Doppler couleur qui a était difficilement caractérisable d'où la nécessité de compléter par une IRM parotidienne. Cette dernière a mise en évidence un processus lésionnel localisé de la portion superficielle de la glande parotidienne droite, mesurant 3cm de grand axe, ovalaire, bien limité, de contours réguliers, homogène, décrit en hyper signal T1 et T2, s'effaçant après saturation de graisse, non rehaussé après contraste. Il n'y avait pas d'adénopathies loco-régionales (Figure 1, Figure 2). Le patient n'a pas accepté une intervention chirurgicale et il a préféré une simple surveillance.
Les lipomes de la région cervico faciale sont rares, surviennent souvent dans le triangle cervical postérieur et la face. Ils sont dans la majorité des cas superficiels, sous-cutanés. Ils représentent moins de 5% de toutes les tumeurs bénignes de la glande parotide [3]. On note une prédominance masculine, avec un sexe ratio de 4/1. Ils surviennent généralement entre 40 et 50 ans [4]. Leur développement s'effectue à partir du tissu graisseux de la glande. Parfois refoulent et infiltrent le parenchyme glandulaire. Contrairement à une lipomatose qui correspond à une infiltration graisseuse diffuse de la glande salivaire, généralement bilatérale, symétrique et caractérisée histologiquement par l'absence de capsule fibreuse [5, 6]. Notre cas correspond à une personne de sexe masculin âgée de 55 ans, ce qui rejoint la littérature. Le diagnostic clinique est très difficile à établi car aucun signe clinique ne le distingue des autres tumeurs bénignes de la glande parotide. Généralement ils sont asymptomatiques, on peut avoir une déformation du relief pré-auriculaire. Lorsqu'ils deviennent volumineux, des douleurs fugaces sont parfois décrites [6]. Il faut savoir que seule l'exérèse chirurgicale apportera un diagnostic de certitude [7]. La tomodensitométrie apporte une aide précieuse au diagnostic, en montrant une masse parotidienne homogène, bien encapsulée, de densité négative entre -50 et -100 unités Hounsfield [8]. L'imagerie par résonance magnétique est actuellement l'examen de choix dans l'exploration de la pathologie tumorale des glandes parotides avec une plus grande sensibilité et spécificité comparativement au scanner, elle donne une localisation précise de la tumeur et oriente sur sa nature sans toutefois remplacer un diagnostic histologique que seule la chirurgie apportera [9]. Vu que notre patient n'a pas accepté la chirurgie, on a retenu le diagnostic sur les critères sémiologiques typiques en IRM, sans avoir recours aux données histologiques. Le diagnostic préopératoire peut parfois aider par ponction-biopsie percutanée à l'aiguille fine. Mais, rarement réalisée car elle présente un taux élevé de faux négatifs et souvent l'interprétation des fragments prélevés est délicate [9]. Le traitement de ces lipomes reste chirurgical, ce qui n'est pas toutefois consensuel [1]. Plusieurs techniques sont discutées dans la littérature, entre outre la parotidectomie totale, avec conservation du nerf parotidien, l'énucléation ou la tumorectomie avec une marge de tissu sain [5, 9]. Le taux de récidive des lipomes intra-parotidiens, après chirurgie est de l'ordre de 5% [2].
Les lipomes de la parotide sont rares. L'imagerie par résonance magnétique reste l'examen complémentaire de choix, qui permet grâce à une étude multiplanaire et une résolution spatiale de caractériser une lésion parotidienne et d'apprécier ces rapports. Cependant, le diagnostic de certitude reste toujours histologique.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.
Dr Siham Rachidi Alaoui a réalisé une recherche bibliographique et a rédigé le manuscrit. Dr Anas Lahlou Mimi et Dr Nizar Bouardi ont contribué à la rédaction de l'article. Pr Badr Alami et Pr Youssef Lamrani ont participé à la rédaction et à la préparation de l'iconographie de cet article. Pr Meriem Boubbou a participé à la prise en charge diagnostique du patient et a participé à la correction du manuscrit. Pr Mustafa Maaroufi a encadré et a corrigé l'interprétation des images radiologiques et a participé à la correction du manuscrit et à la sélection des images. Tous les auteurs ont participé à la conduite de ce travail. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.
Figure 1: IRM parotidienne en coupe axiale T1 avant (A) et après saturation de graisse (B), et coupe axiale T2 avant (C) et après saturation de graisse, (D) processus tumoral parotidien droit, au dépend de sa portion superficielle, de forme ovalaire, bien limité, de contours réguliers, homogène, décrit en hyper signal T1 et T2, s'effaçant après saturation de graisse
Figure 2: IRM parotidienne du même patient, après injection de gadolinium, en coupe axial T1 (A), coronale T1 (B)
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