Les carcinomes epidermoïdes du scrotum: à propos de 7 cas avec revue de la litterature
Ayoub Halfya, Khalid Elmortaji, Rabii Redouane, Meziane fethi, Amine Rafik, Ezzoubi Mohamed, Chlihi abdessamad
Corresponding author: Khalid Elmortaji, Service d’Urologie du Chu Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
Received: 22 Dec 2014 - Accepted: 10 Feb 2015 - Published: 23 Feb 2015
Domain: Clinical medicine
Keywords: Carcinome épidermoïde, tumeurs génitales, tumeurs cutanées, scrotum
©Ayoub Halfya et al. Pan African Medical Journal (ISSN: 1937-8688). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Ayoub Halfya et al. Les carcinomes epidermoïdes du scrotum: à propos de 7 cas avec revue de la litterature. Pan African Medical Journal. 2015;20:163. [doi: 10.11604/pamj.2015.20.163.5991]
Available online at: https://www.panafrican-med-journal.com//content/article/20/163/full
Original article
Les carcinomes epidermoïdes du scrotum: à propos de 7 cas avec revue de la litterature
Les carcinomes epidermoïdes du scrotum: à propos de 7 cas avec revue de la litterature
Ayoub Halfya1, Khalid Elmortaji1,&, Rabii Redouane1, Meziane fethi1, Amine Rafik2, Ezzoubi Mohamed2, Chlihi abdessamad2
1Service d’Urologie du Chu Ibn Rochd, Casablanca, Maroc, 2Centre Nationale des Brules et de Chirurgie Plastique -CHU Ibn-Rochd, Casablanca, Maroc
&Auteur correspondant
Khalid Elmortaji, Service d’Urologie du Chu Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
L'incidence des carcinomes scrotaux est très rares [1], la série la plus large dans la littérature présente 28 cas [2-5]. La forme histologique la plus fréquente est le carcinome épidermoïde [6].Elle survient le plus souvent dans les soixantaines sur une lésion préexistante, augmentant progressivement de volume, elle est associée dans 25% des cas à des adénopathies inguinales. La chirurgie d'exérèse éventuellement associée à un curage ganglionnaire en fonction du stade reste le traitement de référence. L'objectif de notre série est de décrire les caractéristiques épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques.
Sur une période de deux ans (1er janvier 2011 au 1erjanvier 2013), nous avons réalisés une étude rétrospective sur 7 cas de carcinome épidermoïde colligés au centre nationale des brûlés et de chirurgie plastique du CHU Ibn Rochd Casablanca. Les données épidémiologiques, diagnostiques, et thérapeutiques ont été relevées.
Les caractéristiques des patients ont été détaillées dans le (Tableau 1). L'âge moyen au diagnostic était de 64 ans (48-80 ans). Le mode de révélation chez tous les patients était la présence d'une lésion macroscopique (Figure 1), la taille médiane de la lésion était 4 cm (1,5-8 cm).Trois patients ont présenté une localisation ganglionnaire (N1 et N2).Les sept patients ont eu un traitement chirurgical au début par exérèse large avec reconstruction immédiate dans 2 cas. Les techniques de reconstruction utilisées sont en fonction de l'étendue de la perte de substance. Ainsi, nous avons eu recours au greffes cutanées dans 2 cas, le lambeau fascio-cutanée de la cuisse dans 2 cas (Figure 2), et lambeaux d'avancement scrotal dans 3 cas. Aucune marge d'exérèse positive n'a été rapportée, deux curage ganglionnaire ont été réalisé et dont un bilatérale qui s'est avéré positif d'un seul côté, avec un ganglion >3 cm, et effraction capsulaire. Deux patients ont été adressé pour chimiothérapie, l'un à visée néo adjuvants à base de (Bléomycine - Méthotréxate-Cisplatine), l'autre dans un objectif palliatif. La médiane de suivi a été de 12 mois (6 -16mois). 2 patients ont présenté une récidive, dont un est décédé, venu d'emblée avec un stade métastatique.
Le carcinome du scrotum est une tumeur rare avec une incidence annuelle globale d'environ 1,5 par 1.000.000 personnes dans les pays occidentaux [7]. Wright et al a recueilli 471 cas de cancer du scrotum 1973-2002 et trouvé types histologiques les plus fréquents étaient le carcinome épidermoïde (32%), la maladie de Paget extra-mammaire (21%), carcinome baso-cellulaire (18%) et le sarcome (18%). Le carcinome épidermoïde est plus fréquent chez les hommes de race noire que chez les hommes blancs (69 vs 31%) [8]. Carcinome du scrotum a été le premier cancer lié à l'exposition professionnelle. Des études antérieures ont montré, qu'il a été le plus souvent associé à l'exposition à des carcinogènes environnementaux tels que la suie de cheminée, goudrons, de la paraffine, et certains produits pétroliers [9]. Actuellement la plupart des cas résultent d'une mauvaise hygiène et l'inflammation chronique [10]. Les patients que nous rapportons ici avaient des condylomes dans 42%, des lésions inflammatoires du scrotum dans 28%, ce qui suggère que l'inflammation chronique et la mauvaise hygiène peut contribuer à l'apparition de la maladie. En général, la récidive était précoce chez les patients présentant des caractéristiques histologiques squameuses, par rapport à d'autres sous-types histologiques (Johnson et al. [11]). Dans notre série la forme histologique la fréquente est la forme ulcéro-bourgeonnante dont le la malignité reste principalement local. La modalité de traitement primaire pour le cancer du scrotum est la chirurgie. Dai et al. [12] ont rapporté sur 10 patients atteints de cancer du scrotum dont tous les patients ont été traités par exérèse chirurgicale large sans traitement adjuvant avec un moyen de survie globale de 118 mois. Dans notre étude, après un suivi moyen de 12 mois, 5 patients étaient en bonne santé, sans rechute. Un patient a développé des métastases ganglionnaires gauche à 15 mois, et qui a été traité avec succès par un curage ganglionnaire inguinale associe à la chimiothérapie. Un patient a décédé venu d'emblée avec des métastases pulmonaires bilatérales. Le traitement néoadjuvant (à la fois chimiothérapie et radiothérapie) a également été recommandé pour réduire la taille de la tumeur et les adénopathies, modifiant ainsi le stade tumorale [13, 14]. La Radiothérapie adjudante en combinaison avec la chimiothérapie (méthotrexate, bléomycine et cisplatine) pour quatre cycles est également recommandée afin de parvenir à une meilleure survie sans rechute [15].
La faible incidence des carcinomes épidermoïdes du scrotum dans la population générale reste un obstacle concret à la publication de séries conséquentes de patients, susceptibles de générer une prise en charge thérapeutique bien codifiée. Le pronostic du carcinome épidermoïde est conditionné par sa profondeur d'infiltration, son grade histo-pronostique et la précocité de la prise en charge. La surveillance des lésions précancéreuses et les mesures d'hygiènes restent le meilleur moyen de prévention.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.
Tous les auteurs ont contribué à la conduite de ce travail. Tous les auteurs déclarent également avoir lu et approuvé la version finale du manuscrit.
Tableau 1:
les caractéristiques épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques des patients
Figure 1: photo montrant
une lésion ulcéro-bourgeonnante bilatérale du scrotum chez un patient atteint
de VIH
Figure 2: carcinome épidermoïde
bilatérale avec reconstruction par un lambeau fascio-cutané de la cuisse gauche
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