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Original article

L’épiphysiolyse fémorale supérieure chez un malade en paralysie cérébrale suite à une crise convulsive

L’épiphysiolyse fémorale supérieure chez un malade en paralysie cérébrale suite à une crise convulsive

Slipped capital femoral epiphysis in a patient with cerebral palsy due to seizure

Yassine Nhamoucha1,&, Mohammed Tazi1, Hicham Abdellaoui1, Othmane Alaoui1, Saad Andaloussi1, Mohammed Oukhoya1, Lamyae Chater1, Karima Atarraf1, Mounir Arroud1, Abderahman Afifi1

 

1Service de Chirurgie Pédiatrique, CHU Hassan II, Fès, Maroc

 

 

&Auteur correspondant
Yassine Nhamoucha, Service de Chirurgie Pédiatrique, CHU Hassan II, Fès, Maroc

 

 

Résumé

L'épiphysiolyse fémorale supérieure (EFS) correspond à un glissement de l'épiphyse fémorale supérieure par rapport au col fémoral qui le plus souvent se fait en arrière et en dedans, sous l'effet du poids du corps. Cette affection survient le plus fréquemment lors de la puberté. Nous rapportons le cas d’un enfant atteint de paralysie cérébrale avec spasticité des quatre membres, ce qui représente une entité très rare.


English abstract

Slipped capital femoral epiphysis (SCFE) is a slippage of the femoral epiphysis (femoral head) on the femoral neck. Femoral epiphysis usually slips backward and inward because of body weight. This disorder mainly occurs during puberty. We report the very rare case of a child with cerebral palsy associated with spasticity of the limbs.

Key words: Slipped capital femoral epiphyses, cerebral palsy, surgery

 

 

Introduction    Down

L'épiphysiolyse fémorale supérieure (EFS) correspond à un glissement de l'épiphyse fémorale supérieure par rapport au col fémoral qui le plus souvent se fait en arrière et en dedans, sous l'effet du poids du corps. Les malades atteints de paralysie cérébrale peuvent avoir beaucoup de problèmes au niveau des membres inferieurs et particulièrement au niveau de la hanche, qui peut aller d’une simple dysplasie à une luxation. A notre connaissance un seul cas d’épiphysiolyse fémorale supérieure a été décrit dans la littérature ce qui représente une entité rare. Nous rapportons le cas d’une épiphysiolyse chez un enfant atteint de paralysie cérébrale avec spasticité des quatre membres.

 

 

Patient et observation Up    Down

Il s’agit d’un enfant de 15 ans, ainé d’une fratrie de 3, issu d’un mariage consanguin de 2ème degré. Il est né prématurément à 36 semaines avec une notion de souffrances néonatales, suivi au service de pédiatrie pour retard psychomoteur avec spasticité des quatre membres, admis chez nous pour des douleurs de la hanche évoluant dans un contexte d’apyrexie. Le début de sa symptomatologie remonte à 5 jours avant son admission par l’installation d’une crise convulsive occasionnant chez lui des douleurs de la hanche avec impossibilité à tenir la position assise sans notion de traumatisme ce qui a motivé sa consultation aux urgences pédiatriques pour une prise en charge. L’examen à l’admission trouve un enfant conscient, stable sur le plan hémodynamique et respiratoire, apyrétique, poids à 40 kg avec une spasticité extrême des quatre membres qui sont en flexion. Les deux hanches étaient en adduction fléchis à 80° avec une douleur à la mobilisation de la hanche gauche. La radiographie du bassin de face a objectivé un glissement de l’épiphyse fémorale superieure par rapport à la métaphyse au niveau de la hanche gauche (Figure 1). L’enfant a été opéré à j2 de son admission avec réalisation d’un vissage in situ (Figure 2). Les suites opératoires étaient simples, avec contrôle radiologique satisfaisant. L’enfant est convoqué dans un mois pour contrôle.

 

 

Discussion Up    Down

La paralysie cérébrale résulte de lésions survenues sur le cerveau en développement du fœtus ou du nourrisson. Ces lésions, non progressives, provoquent un ensemble de troubles permanents du mouvement et de la posture, responsables de limitations d’activités [1]. Il est important de noter que ces désordres ne sont pas causés par des problèmes dans les muscles ou les nerfs, mais par, un développement défectueux ou un dommage aux secteurs moteurs du cerveau, ce qui perturbe la capacité du cerveau à contrôler de manière adéquate le mouvement et la posture [2, 3]. L´épiphysiolyse fémorale supérieure (EFS) se définit comme étant un glissement de l´épiphyse fémorale supérieure par rapport au col fémoral. Certains facteurs de risques épidémiologiques et métaboliques ont été retrouvés [4], avec principalement le surpoids [5, 6]. L’étiologie exacte de l’EFS est toujours inconnue. Il est stipulé qu’il s’agit d’un processus multifactoriel. La littérature part du principe que des facteurs génétiques, biomécaniques et biochimiques jouent un rôle, sans oublier les influences environnementales [7, 8]. Un important facteur biomécanique est le surpoids, dont pratiquement tous les patients souffrent selon la littérature [4]. Pour les malades qui souffrent d’une paralysie cérébrale, les troubles de la hanche sont fréquents, ce qui les expose à un risque plus important de subluxation, de dislocation et de douleur [1]. L’examen clinique est pauvre vu l’état du patient ce qui impose la réalisation d’une radiographie du bassin pour faire le diagnostic [1]. Dans la littérature un cas a été décrit où il a bénéficié d’une tomodensitométrie de la hanche qui a montré un cartilage de croissance déjà fermé, d’où la décision de ne pas opérer ce patient [1].

 

 

Conclusion Up    Down

L’épiphysiolyse fémorale supérieure reste exceptionnelle chez l’enfant souffrant d’une paralysie cérébrale. A notre connaissance, un seul cas a été rapporté dans la littérature et qui n’a pas été opéré. Pour nous, l’indication opératoire était surtout pour la douleur avec réalisation d’une fixation par vissage.

 

 

Conflits d’intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent aucun conflits d’intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.

 

 

Figures Up    Down

Figure 1: radiographie du bassin objectivant une épiphysiolyse fémorale supérieure du côté gauche (flèche noire)

Figure 2: radiographie du bassin de profil (incidence en grenouille) montrant l’aspect post opératoire après fixation in situ

 

 

Références Up    Down

  1. Kardashian G, Strongwater AM. Slipped capital femoral epiphysis in a cerebral palsy patient: a case report. J Pediatr Orthop B. 2010 Sep;19(5):428-30. PubMed | Google Scholar

  2. Renshaw TS, Green NE, Griffin PP, Root L. Cerebral palsy: orthopaedic management. J Bone Joint Surg Am. 1995;77(10):1590-1606. Google Scholar

  3. Aroojis AJ, Gajjar SM, Johari AN. Epiphyseal separations in spastic cerebral palsy. J Pediatr Orthop B. 2007;16(3):170–174. PubMed | Google Scholar

  4. Loder RT, Wittenberg B, DeSilva G. Slipped capital femoral epiphysis associated with endocrine disorders. J Pediatr Orthop. 1995;15(3):349–356. PubMed | Google Scholar

  5. Loder RT, Aronsson DD, Dobbs MB, Weinstein SL. Slipped capital femoral epiphysis. Instr Course Lect. 2001;50:555–570. Google Scholar

  6. Lehmann CL, Arons RR, Loder RT, Vitale MG. The epidemiology of slipped capital femoral epiphysis: an update. J Pediatr Orthop. 2006 May-Jun;26(3):286-90. PubMed | Google Scholar

  7. Crawford AH. Slipped capital femoral epiphysis. J Bone Joint Surg Am. 1988;70(9):1422–1427.

  8. Gholve PA, Cameron DB, Millis MB. Slipped capital femoral epiphysis update. Curr Opin Pediatr. 2009;21(1):39–45. PubMed | Google Scholar