Abstract

La pathomimie cutanée est une forme particulière de troubles factices relativement rare, et constitue l'un des problèmes les plus complexes pour le dermatologue. Nous rapportons un cas de pathomimie révélée par des lésions cutanées unilatérales, mimant une brûlure. Une jeune femme de 27 ans, était suivie depuis 4 ans pour une dépression. Elle a présenté 15j avant sa 1ère hospitalisation un placard inflammatoire du sein gauche compliqué de lésions bulleuses et d'érosions superficielles. La biopsie cutanée avait montré une dermite non spécifique. Une cicatrisation rapide sous traitement local a été notée. Elle a présenté 10 jours plus tard de nouvelles lésions similaires étagées au membre inférieur gauche, évoluant vers le décollement bulleux spontané. La biopsie cutanée avait montré un décollement bulleux jonctionnel et des foyers de nécrose ischémique. L'IFD était négative. Devant les données anamnestiques, cliniques, la négativité du bilan paraclinique, et la guérison des lésions sous pansements occlusifs seuls, le diagnostic de pathomimie a été évoqué et retenu. La patiente a été adressée en psychiatrie où une thérapie cognitivo-comportementale a été préconisée. Notre observation correspond à un tableau de pathomimie de présentation clinique particulière par sa localisation unilatérale et son caractère bulleux. Chez notre patiente qui est droitière, la localisation unilatérale gauche sur des zones accessibles, l'absence de lésions spécifiques à l'examen histologique, la cicatrisation rapide des lésions sous traitement local occlusif seul et leur récurrence malgré des soins adaptés étaient en faveur d'une pathologie factice. Néanmoins, la localisation au niveau des seins peut être très déroutante. Le caractère bulleux des lésions dans le cadre d'une pathomimie a été rarement rapporté. Dans notre cas, la pathomimie s'associe à des troubles anxieux et dépressifs très importants. Leur prise en charge demande un investissement pluridisciplinaire le plus précoce possible. La prise en charge des pathomimies est complexe. Le traitement médical associé à une prise en charge psychologique de type thérapie cognitivo-comportementale, qui est une première expérience, peut aider cette patiente à contrôler son comportement et éviter les récidives qui sont fréquentes dans ce type de pathologie.