Abstract

Même après l'entrée en dialyse, la prévalence de l'hypertension artérielle (HTA) reste élevée. Elle est souvent greffée d'une forte morbi-mortalité, et altère la qualité de vie des patients hémodialysés chroniques. La « méthode du poids sec (PS) », établie par Scribner, présente un intérêt indéniable dans la gestion de l’HTA chez le patient hémodialysé. Le but de notre travail était de déterminer la prévalence et les facteurs de risque (FDR) de l'HTA chez nos hémodialysés chroniques et d'en tenter une réduction en nous basant sur une stratégie d’éducation thérapeutique basée sur les recommandations de Scribner. Nous avons mené une étude prospective interventionnelle en trois mois et en trois phases, auprès des 93 hémodialysés chroniques de l'Hôpital Al Farabi d'Oujda. En phase 1, nous avons déterminé la prévalence de l'HTA par la surveillance horaire de la tension artérielle (TA) durant la séance de dialyse pendant deux semaines, soit sur un total de 442 séances. Les patients ont également mesuré leur pression artérielle (PA) hors-centre de façon biquotidienne les jours de non-dialyse, soit un total de 1720 mesures hors-centre. L'HTA a été définie par une Pression Artérielle Systolique (PAS) supérieure ou égale à 140mmHg et/ou une Pression Artérielle Diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90mmHg sur au moins 2 mesures. En phase 2, les patients hypertendus ont bénéficié d’une prise en charge basée sur les recommandations de Scribner et une éducation thérapeutique (ETP). En phase 3, nous évalué les retombées de notre prise en charge. Une HTA a été notée sur 231 séances chez 57 patients, soit une prévalence de 61,3%. La PAS moyenne était de 172,75±17,69 (145-220) mmHg. Les FDR retenus sont: l'âge, la PPID importante, le non respect des règles hygiéno-diététiques (RHD) et le rythme de 2 séances de dialyse/semaine. Au départ, 13 patients (22,8%) étaient dialysés trois fois par semaine; nous avons doublé ce taux. Nous avons également réduit le PS chez 48 patients, à raison de ½Kg tous les 15 jours. Les résultats en phase 3 montrent que 8 patients sont passés dans le groupe des patients «normotendus », la prévalence de l’HTA passant ainsi à 52,7% .Dans le nouveau groupe «HTA+» (n=49), la PAS moyenne est passée à 166,12±17,05 (140-200) mmHg. La PPID a baissé de 0,98±0,425 (0,35-2,1) Kgs chez 46 patients. La prévalence de l’HTA dans notre population rejoint les données de la littérature, mais en appliquant les principes de l’ETP à la prise en charge de celle-ci, nous avons pu en baisser la prévalence. Ainsi, La « méthode du PS » peut permettre de corriger l’HTA en HD, mais ce succès ne doit se concevoir sans un effort pédagogique soutenu de la part de l’ensemble de l’équipe soignante, d’où l’intérêt de planifier une ETP.