Abstract

Introduction: le but de ce travail est de déterminer la fréquence des parturitions en présentation transverse dans notre milieu, décrire les particularismes sociodémographiques et l'environnement obstétrical y afférents et évaluer la morbi-mortalité maternelle et périnatale en rapport avec les différentes modalités d'accouchement.

 

Méthodes: il s'agit d'une étude rétrospective portant sur 162 accouchements consécutifs avec fœtus en présentation transverse, d'âge gestationnel supérieur à 27 semaines aménorrhées, enregistrés au cours de la période allant de Janvier 2002 à Décembre 2006 sur un total de 53679 accouchements à la maternité de l'Hôpital Général de Référence Jason Sendwe de Lubumbashi (RDCongo). Les 162 accouchées et leurs nouveau-nés ont été repartis en 3 groupes selon les modalités d'accouchement : césarienne, voie basse (VB) après MVIGES sur J2 et VB après MVIGES sur singleton. Les paramètres sociodémographiques, l'environnement obstétrical ainsi que la morbi-mortalité fœto-maternelle ont été analysés. Sauf indication contraire, les comparaisons statistiques entre les groupes ont été effectuées par rapport au groupe d'accouchées par césarienne.

 

Résultats: la parturition en présentation transverse concerne une grossesse sur 333. L'accouchement par VB après MVIGES a été le principal mode de terminaison (60,5%) représentant 95% de succès de cette manœuvre. La MVIGES a concerné 50,86% des grossesses singletons dont un peu plus de la moitié avec fœtus vivants et 84,78% des deuxièmes jumeaux dont 91,7% vivants. L'âge moyen et la parité moyenne des accouchées sont comparables dans les trois groupes (p=0,17 et p=0,84). 61% des grossesses terminées par voie haute étaient à terme contre 42% pour celles de la VB (p=0,17). Le poids de naissance moyen des nouveau-nés par voie haute (2780g) était statiquement comparable à celui des singletons nés par VB (2380g), il en est de même de la proportion des nouveau-nés avec un poids supérieur à 2499g (p=0,102). Le taux d'évacuées s'élève à 80% dans les parturitions singletons avec 96% des membranes rompues et une mortinatalité 3 fois plus élevée comparativement au contenu gémellaire. La morbidité maternelle est caractérisée par un taux d'infection de 9,4% parmi les césarisées (p=0,0000) et un taux de complications traumatiques de 3,4% chez les accouchées par VB après MVIGES (p=1,0000). Le taux de dépression néonatale à la fin de la première minute est tout aussi fort élevé chez les nouveau-nés par césarienne (66%) que ceux singletons nés par VB (60,7%, p=0,82), les J2 nés par VB ayant présenté une moindre morbidité (31%, p=0,0035). Au-delà de la 4ème minute, le risque de dépression néonatale n'est pas différent quelque soit la modalité d'accouchement considérée (OR=1,75 : 0,41-7,86 et OR=0,50 : 0,14-1,74). Les taux de déperdition néonatale sont de 23% pour les J2 nés par VB, de 12% et 11% pour les nouveau-nés par césarienne et les singletons nés par VB, ils ne sont pas statistiquement différents (p=0,31). Enfin, le séjour hospitalier moyen est significativement plus long pour les accouchées par césarienne (12,97 jours) par rapport aux accouchées par VB (2,54 et 2,21 jours) (p=0,000) alors que celui des nouveau-nés n'est pas statistiquement différent (3,25 ; 5,2 et 2,6 jours ; p=0,09).

 

Conclusion: la parturition en présentation transverse n'est pas un événement rare dans notre milieu, elle est caractérisée par un environnement obstétrical précaire et la MVIGES (pratiquée dans le strict respect des conditions de sa réalisation et des contre-indications de la VB) est une opération faisable, non délétère et non fœticide et qu'elle constitue de ce fait une alternative véritablement heureuse à la césarienne.