Abstract

L'insomnie est aussi fréquente chez les hémodialysés chroniques qu'elle est négligée par le personnel soignant, davantage attelé à gérer les complications qui accompagnent l'insuffisance rénale chronique terminale et la dialyse chronique. Notre travail a eu pour but de déterminer la prévalence de l'insomnie et les facteurs qui lui sont associés, afin de pouvoir, dans un temps futur, lui dédier une stratégie de prise en charge adaptée. Il s'agit d'une étude transversale incluant 93 hémodialysés chroniques, dont nous avons étudié les données sociodémographiques, biologique, dialytiques ; nous avons également collecté les caractéristiques de l'insomnie, et enfin mis en exergue les facteurs associés à sa survenue. L'insomnie a été définie par un score total supérieur ou égal à 15 au questionnaire de l'I.S.I (Insomnia Severity Index). Ainsi, la prévalence de l'insomnie est de 67,7% (n=63); l'âge moyen est de 55,6±12,7 (22-82) ans, le sexe ratio de 24 Hommes/39 Femmes, la durée moyenne en hémodialyse de 94,6 ± 58,2 (6-252) mois. 45 des patients insomniaques sont dialysés deux fois par semaine. Cette insomnie concernait le début de la nuit dans 52,3% des cas, le milieu de la nuit dans 55,5% des cas, et le petit matin dans 19,04% des cas. Les troubles associés à cette insomnie ont été: la somnolence diurne dans 79,3% des cas (n=50), le syndrome de la jambe sans repos dans 17,4% des cas (n=11), et les cauchemars dans 30,1% des cas (n=19). Une prise régulière d'hypnogènes a été notée chez 20 patients (31,7%). En analyse univariée, les facteurs associés à la survenue de l'insomnie sont l'âge avancé des patients, le sexe féminin, l'ancienneté en hémodialyse, la fréquence de deux séances de dialyse par semaine, le taux d'urée en prédialyse, le score de Charlson, la présence d'une douleur chronique (depuis plus de trois mois), la dépression et enfin l'hypertension artérielle. En analyse multivariée, on retient l'âge avancé des patients, le sexe féminin, l'ancienneté en dialyse et la fréquence de deux séances de dialyse par semaine. En conclusion, les troubles du sommeil et en particulier l'insomnie chez les hémodialysés chroniques sont fréquents et multifactoriels. Une attention particulière doit leur être accordée, incluant une collaboration régulière et étroite entre néphrologues et psychologues, psychiatres et spécialistes du sommeil.