Abstract

La prise en charge de l'infarctus du myocarde est une course contre la montre et les trois premières heures constituent les « golden hours ». Les objectifs de ce travail étaient de déterminer le délai de prise en charge des infarctus du myocarde au Burkina Faso, les facteurs liés à un allongement du délai et le pronostic des patients. Il s'agit d'une étude transversale descriptive menée de septembre 2010 à août 2011. Le critère d'inclusion était l'infarctus du myocarde dont le diagnostic était basé sur des critères clinique (douleur angineuse), électrocardiographique (sus-décalage persistant du segment ST dans au moins deux dérivations contiguës du même territoire coronaire, onde Q de nécrose) et biologique (élévation de la troponine). Les informations relatives au délai de prise en charge ont été recueillies: début du premier symptôme, contact avec le premier agent de santé et le cardiologue, nombre de centre de santé consulté avant le transfert en cardiologie, situation géographique des patients, moyen de transport utilisé. Les données ont été analysées grâce au logiciel SPSS version 17. Durant la période d'étude, 43 patients d'âge moyen de 56,51 ± 12,91 ans ont été admis pour infarctus du myocarde. Plus de la moitié des patients (72,0%) habitait Ouagadougou et sa banlieue. Le délai moyen entre le début de la douleur et la consultation dans la première structure sanitaire était de 48 ± 20,8 heures ; celui entre le début de la douleur et la réalisation du premier ECG était en moyenne de 8,6 ±4,5 jours. Le délai entre la réalisation de l'ECG et l'admission dans le service de cardiologie était de 4,35 ±4,0 jours [00 heure et 13 jours]. Le délai entre l'admission dans le service de cardiologie et la thrombolyse était de 34 minutes. Enfin le délai entre le début de la douleur et le contact avec le cardiologue était de 9,6±3,5 jours. Il n'y avait pas de différence statiquement significative (P = 0,076) entre le délai de consultation des malades résidant en campagne et ceux résidant en ville. Le moyen de déplacement le plus utilisé était les transports en commun (67,4%). Aucun patient n'était référé par un transport médicalisé. Aucun patient n'était référé après la première consultation dans une structure sanitaire. Seuls 6 patients étaient référés avec le diagnostic de SCA ST+. L'âge de plus de 60 ans (P = 0,016), la prescription des antalgiques (p =0,021) et le niveau socioéconomique faible (P= 0,038) étaient également des facteurs associés à un allongement des délais de prise en charge. La reperfusion myocardique était constituée par la thrombolyse à la streptokinase qui a été réalisée chez 2 patients. La coronarographie n'a pas été réalisée. L'évolution a été marquée par 5 décès (11,6%). la prise en charge des infarctus du myocarde au Burkina Faso est caractérisée par de très longs délais. Elle n'est de ce fait pas optimale.